Nvidia : L’autorité de la concurrence britannique s’inquiète du rachat d’Arm

Société : L’Autorité de la concurrence et des marchés britannique estime qu’une enquête plus approfondie sur la fusion prévue est justifiée, après avoir exprimé des inquiétudes sur de possibles difficultés pour les concurrents de Nvidia.

Au Royaume-Uni, l’autorité de la concurrence s’inquiète du projet d’acquisition par Nvidia des activités de propriété intellectuelle de la société britannique Arm, à la suite d’une enquête initiale déclenchée par des préoccupations de sécurité nationale.

Une fusion qui pourrait nuire à la compétitivité des concurrents de Nvidia…

Dans son rapport remis au secrétaire d’Etat au numérique, à la culture, aux médias et aux sports, l’autorité de la concurrence et des marchés (CMA, pour « Competition and Markets Authority », NDLR) prévient que cette fusion pourrait donner à l’entreprise la capacité et l’intention de nuire à la compétitivité des concurrents de Nvidia, en restreignant leur accès à la propriété intellectuelle d’Arm.

Actuellement, la propriété intellectuelle d’Arm est utilisée par des entreprises pour produire des puces à semi-conducteurs et des produits connexes qui rivalisent avec les produits fabriqués par Nvidia. Parmi ces entreprises, on trouve Intel, Qualcomm, AMD et Xilinx, qui a récemment exprimé son indignation à propos de l’accord.

La CMA note que si la fusion proposée devait se réaliser, elle entraînerait « un verrouillage de l’approvisionnement en CPU, produits d’interconnexion, GPU et SoC sur plusieurs marchés mondiaux, notamment les applications des centres de données, de l’internet des objets, de l’automobile et des consoles de jeux ».

…et avoir des conséquences sur l’ensemble des secteurs technologiques

Pour répondre aux préoccupations de l’autorité de la concurrence et des marchés britannique, Nvidia a proposé une série de « solutions comportementales ». Néanmoins, la CMA estime que ces suggestions ne feraient qu’entraîner « des risques considérables en matière de spécification, de contournement, de surveillance et d’application », et n’atténueraient aucune de ses inquiétudes.

« Notre préoccupation, c’est que si Nvidia contrôle Arm, de réels problèmes pourraient se poser pour ses concurrents, qui pourraient avoir un accès limité à des technologies clés. Finalement, l’innovation pourrait ainsi se retrouver étouffée sur un certain nombre de marchés importants et en pleine croissance, ayant pour conséquence que les consommateurs soient privés de nouveaux produits, ou que les prix augmentent », prévient Andrea Coscelli, dirigeant de la CMA.

« Le secteur de la technologie des puces vaut des milliards et est vital pour les produits sur lesquels les entreprises et les consommateurs comptent chaque jour. Il s’agit notamment de la technologie critique de traitement des données et des centres de données, qui soutient les entreprises numériques dans l’ensemble de l’économie, et du développement futur des technologies d’intelligence artificielle, qui seront importantes pour les industries en croissance comme la robotique et les voitures à conduite autonome. »

Des « entreprises complémentaires » ?

Le géant américain des puces électroniques a annoncé son intention de racheter Arm à Softbank, dans le cadre d’un accord controversé d’une valeur de 40 milliards de dollars, en septembre dernier. Le fondateur et PDG de Nvidia, Jensen Huang, défendait à l’époque devant les journalistes que les deux entreprises étaient « totalement complémentaires ».

« Nvidia ne conçoit pas de processeurs, nous n’avons pas de jeu d’instructions pour les processeurs, Nvidia ne concède pas de licences de propriété intellectuelle à des sociétés de semi-conducteurs, et de ce fait, nous ne sommes pas concurrents. Nous avons l’intention d’ajouter plus d’outils de propriété intellectuelle et aussi, contrairement à Arm, Nvidia ne participe pas au marché des téléphones portables », avançait-il. « Notre intention est de combiner l’ingénierie et la technologie – la capacité de R &« D des deux sociétés afin de pouvoir accélérer le développement de la technologie pour le vaste écosystème d’Arm. L’un des domaines (…) qui nous intéressent beaucoup est d’accélérer le développement des CPU de serveur. »

Le président du groupe des produits de propriété intellectuelle d’Arm, René Haas, assurait également par le passé qu’il y aurait un « pare-feu » entre les deux sociétés, ajoutant qu’il n’y aurait aucun accès anticipé pour Nvidia. Mais il a admis par la suite qu’Arm devrait partager certaines informations, par exemple si de gros clients passent à RISC-V, un concurrent open source d’Arm.

Source : net.fr/actualites/

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