Technologie : La liberté sur internet s’est détériorée dans le monde entier, mentionne une ONG dans un rapport. L’année dernière, de plus en plus de pays ont imposé aux acteurs de l’internet de nouvelles règles en matière de contenu, de données ou de concurrence.
Freedom House, une ONG dont l’objet est la défense de la démocratie, a publié une étude qui indique qu’un nombre croissant de gouvernements obligent les acteurs d’internet à se conformer à des décisions de censure et de surveillance en ligne.
Ces conclusions ont été publiées dans le cadre du rapport annuel « Freedom on the Net 2021 ». Le document, qui révèle que 48 des 70 pays couverts par le rapport – qui représentent 88 % des internautes dans le monde – ont imposé de nouvelles règles aux entreprises technologiques en matière de contenu, de données ou de concurrence au cours de l’année écoulée.
« Si certaines mesures reflètent des tentatives légitimes d’atténuer les préjudices en ligne, de limiter l’utilisation abusive des données ou de mettre fin aux pratiques commerciales manipulatrices, de nombreuses nouvelles lois imposent au secteur privé des exigences excessivement larges en matière de censure et de collecte de données », indique le rapport.
Les plus fortes détériorations ont été enregistrées en Birmanie, en Biélorussie et en Ouganda
L’ONG est particulièrement préoccupée par le fait qu’au moins 24 pays ont adopté ou annoncé de nouvelles lois ou règles régissant la manière dont les plateformes traitent le contenu, ce qui pourrait conduire à une censure accrue de la dissidence politique, des reportages d’investigation et des expressions d’identité ethnique, religieuse, sexuelle ou de genre.
Selon Freedom House, la liberté sur internet dans le monde a ainsi reculé pour la 11e année consécutive, les plus fortes détériorations ayant été enregistrées au Myanmar (Birmanie), au Belarus (Biélorussie) et en Ouganda.
Freedom House mesure la liberté sur internet en évaluant 21 indicateurs différents, relatifs aux obstacles à l’accès, aux limites de contenu et aux violations des droits des utilisateurs, explique l’organisation.
La Chine est le pays qui a le plus violé la liberté sur internet dans le monde
La Chine, quant à elle, est restée le pays qui a le plus violé la liberté sur internet dans le monde, selon l’ONG. Notamment en raison de l’introduction par le pays d’une nouvelle législation criminalisant l’expression en ligne qui insulte les membres des forces armées, les « héros » et les « martyrs », et à la poursuite de la censure en ligne.
L’ONG ajoute que la répression de la Chine dans le domaine de la technologie est « l’une des plus agressives » en matière de pratiques anticoncurrentielles, ce qui fait craindre que le gouvernement ne cherche davantage à limiter l’autonomie et l’influence du secteur privé, plutôt qu’à créer des marchés plus équitables.
Parmi les autres statistiques dévoilées dans le rapport, 80 % des pays analysés ont arrêté des personnes pour leurs messages diffusés en ligne ; 64 % des autorités de ces pays ont déployé des commentateurs pro-gouvernementaux pour manipuler les discussions en ligne ; 41 % des pays ont déconnecté internet ou les réseaux mobiles pour des raisons politiques ; et 46 % ont bloqué ou restreint les plateformes de médias sociaux, principalement pendant des manifestations et des élections.
Utilisation de logiciels espions
Sur le front de la surveillance, les autorités d’au moins 45 des 70 pays couverts par le rapport sont soupçonnées d’avoir accès à des logiciels espions sophistiqués ou à des technologies d’extraction de données, fournis par des sociétés telles que NSO Group, Cellebrite, Circles et FinFisher, indique Freedom House.
En lançant cet avertissement, l’organisation a appelé les responsables politiques chargés de rédiger des lois sur la confidentialité des données à se concentrer sur la protection des utilisateurs, tout en empêchant une plus grande fragmentation d’internet, par exemple en veillant à ce que les programmes de surveillance gouvernementaux respectent les Principes internationaux sur l’application des droits humains à la surveillance des communications (Application of Human Rights to Communications Surveillance) de l’EFF.
Elle précise également que les décideurs politiques devraient considérer le chiffrement comme un élément fondamental de la cybersécurité, du commerce et des droits humains, et que l’affaiblissement du chiffrement mettrait en danger la vie des militants, des journalistes et des membres des minorités.
En ce qui concerne les autres domaines de la législation, Freedom House estime que la politique de concurrence devrait favoriser l’innovation, afin de répondre à la demande des utilisateurs en matière de personnalisation, de sécurité et d’interopérabilité, et que la réglementation devait garantir que le pouvoir ne s’accumule pas entre les mains de quelques acteurs dominants, que ce soit au sein du gouvernement ou du secteur privé.
Source : ZDNet.com