Technologie : Mercedes expérimente des interfaces cerveau-machine dans sa voiture concept, la Vision AVTR.
Oubliez les boutons de commande bloqués, les interrupteurs contre-intuitifs et même l’assistance vocale imprécise : Mercedes-Benz travaille actuellement sur un concept de voiture dans lequel vous pourriez changer de station de radio, tamiser les lumières ou contrôler la navigation simplement en y pensant.
Le géant de l’automobile a présenté cette idée au Salon international de l’automobile en Allemagne. Mercedes propose d’utiliser la technologie de l’interface cerveau-machine (ICM) pour connecter le cerveau humain à la voiture, afin que les conducteurs puissent déclencher des fonctions dans le véhicule sans avoir à parler ou à toucher quoi que ce soit.
Les ICM sont des systèmes capables de traduire l’activité cérébrale, qui est mesurée grâce aux impulsions électriques, qui se produisent lorsque nous pensons, en signaux que les logiciels peuvent comprendre. Cette technologie est en quelque sorte une extension de ce que les médecins font depuis des décennies avec les électroencéphalogrammes, qui surveillent l’activité électrique du cerveau pour détecter les problèmes nerveux. La différence entre les deux systèmes est que les ICM transmettent ces signaux à un algorithme qui les convertit en commandes informatiques, ce qui signifie qu’un utilisateur pourrait, en principe, contrôler un ordinateur par la seule force de sa pensée.
Les algorithmes de NextMind
Mercedes a intégré une plateforme ICM développée par la start-up NextMind dans un concept de voiture appelé Vision AVTR, présenté au salon. Les participants ont pu tester cette technologie, qui se présente sous la forme d’un vêtement capable de détecter le cerveau et qui peut être fixée sur la tête à l’aide d’un bandeau réglable.
Les électrodes du bandeau enregistrent l’activité cérébrale de l’utilisateur et établissent une connexion directe avec le véhicule après un calibrage d’une minute. Pour optimiser la génération de signaux cérébraux, différentes fonctions du tableau de bord de la voiture sont marquées par des signaux lumineux graphiques reconnaissables, qui stimulent l’activité neuronale.
Le dispositif mesure en permanence les ondes cérébrales de l’utilisateur et peut reconnaître les points lumineux sur lesquels le passager concentre toute son attention – en d’autres termes, ceux qui déclenchent le plus d’activité neuronale. Celle-ci est ensuite analysée par les algorithmes de NextMind, qui transforment les signaux neuronaux en une commande, par exemple pour sélectionner une place de parking ou passer la voiture en mode nuit.
« La technologie révolutionnaire de NextMind ouvre de nouvelles possibilités d’interaction et d’engagement de l’utilisateur en traduisant instantanément les signaux cérébraux du cortex visuel de l’utilisateur en commandes informatiques », explique Sid Kouider, fondateur et PDG de NextMind.
Une technologie naissante
La Vision AVTR n’est qu’un « concept », ce qui signifie que Mercedes est encore loin de déployer la technologie ICM dans ses véhicules commercialisés. Présenté pour la première fois l’année dernière, le Vision AVTR reflète plutôt la vision d’un avenir lointain des ingénieurs de Mercedes, et présente des technologies encore naissantes.
Par exemple, le véhicule n’a pas de volant, mais une console centrale qui se lance en reconnaissant le rythme cardiaque et la respiration du passager. En levant la main, un menu est projeté sur la paume de la main, ce qui permet à l’utilisateur de sélectionner certaines fonctions. Le monde extérieur est représenté en 3D à l’intérieur de la voiture, notamment les champs magnétiques de l’environnement ou les rayons ultraviolets.
« La Vision AVTR (…) est exactement le bon concept pour tester et développer les applications ICM », indique Markus Schäfer, directeur de l’exploitation de Mercedes-Benz Cars. « Ce véhicule concept dépeint de manière impressionnante l’avenir de la mobilité. » Il reste que, tout en reconnaissant que les plateformes ICM embarquées ne seront pas disponibles dans un avenir proche, Mercedes compte sur les développements rapides qui se produisent dans le domaine.
Des avancées en médecine
La technologie progresse à grands pas, notamment pour faire avancer les découvertes médicales. Par exemple, les ICM pourraient aider les personnes souffrant de handicaps physiques à devenir plus indépendantes, en rétablissant la connexion perdue entre les ondes cérébrales et les muscles, ce qui permettrait aux personnes souffrant de lésions nerveuses de bouger leurs bras ou leurs jambes.
Elon Musk, le fondateur de Tesla, a également mis cette technologie sous les projecteurs en investissant massivement dans Neuralink, une start-up qui développe des implants cérébraux permettant aux utilisateurs de contrôler les ordinateurs par la pensée. L’entreprise a récemment publié une vidéo d’un singe appelé Pager, équipé de puces qui lui permettent de jouer à un jeu de Pong avec son cerveau. Elon Musk a déjà déclaré que l’objectif premier de Neuralink sera d’aider les personnes souffrant de troubles neurologiques qui les empêchent de contrôler les mouvements des mains et des bras.
« Les interfaces cerveau-machine vont avoir un impact sur tous les aspects de notre vie et apporter des avantages incroyables pour améliorer notre monde. Nous sommes ravis de nous associer à des leaders de l’industrie comme Mercedes-Benz pour explorer les moyens de transformer ces possibilités futures en réalités », affirme Sid Kouider de NextMind.
Cependant, à mesure que la technologie se développe, les possibilités de piratage augmentent. Les développeurs d’interfaces ICM pourraient potentiellement s’asseoir sur des données extrêmement sensibles. Il faut donc rester vigilant, même si les voitures connectées par le cerveau sont encore loin dans le futur.
Source : ZDNet.com