Séoul inflige une amende salée à Google pour avoir entravé l’émergence d’OS mobiles concurrents

Société : Les autorités sud-coréennes ont infligé une amende équivalente à environ 150 millions d’euros à Google, accusé d’abus de position dominante sur le marché des systèmes d’exploitation mobiles.

Le poids considérable pris par Google sur le marché des systèmes d’exploitation mobiles fait encore réagir. Ce mardi, le gendarme sud-coréen de la concurrence a ainsi infligé une amende de 207,4 milliards de wons (soit environ 150 millions d’euros) au géant américain, accusé d’abus de position dominante sur le marché des OS mobiles pour empêcher les systèmes concurrents de s’y faire une place. Le régulateur coréen justifie cette décision en assurant que Google a effectivement empêché les fabricants de smartphones – comme les champions nationaux Samsung ou LG – de personnaliser le système d’exploitation Android.

Pour ce faire, le créateur d’Android a forcé les fabricants à signer un accord anti-fragmentation, selon la commission. Les entreprises qui ont signé cet accord ne pouvaient pas utiliser un « OS fork » – qui consiste en une modification du code source d’Android – ou développer leur propre OS fork, fait savoir le régulateur coréen. Et d’assurer que ces accords empêchaient également les fabricants de distribuer leurs propres kits de développement de logiciels, a précisé l’organisme de surveillance antitrust, dont la décision doit désormais empêcher au géant américain de conclure d’autres accords de ce genre à l’avenir.

Selon l’Autorité sud-coréenne, Google agit de la sorte depuis 2011, lorsque le géant américain s’est assuré une part croissante du marché mobile, qu’il domine aujourd’hui avec 72 % de parts du marché grâce à Android. L’entreprise a agi comme une « autorité réglementaire privée », ce qui a fait échouer des projets de développement de systèmes d’exploitation mobiles menés par des entreprises comme Amazon et Alibaba, accuse le régulateur. Les restrictions imposées par l’entreprise américaine aux fabricants constituent « une action anticoncurrentielle sans précédent » qui a « inhibé l’innovation » dans le domaine des systèmes d’exploitation pour appareils connectés, fait-on savoir du côté de Séoul.

Séoul hausse le ton

L’Autorité sud-coréenne avait commencé son enquête sur les pratiques de Google en matière de systèmes d’exploitation en juillet 2016. Elle a tenu trois réunions plénières sur quatre mois avant de prendre sa décision. De son côté, la direction de Google a fait savoir dans un communiqué qu’elle ferait appel de la décision du régulateur coréen, affirmant que celui-ci n’avait pas pris en compte les avantages offerts par la compatibilité d’Android, que ce soit pour les fabricants ou pour les utilisateurs finaux.

Ce n’est pas la première fois que les géants américains du numérique sont mis en cause au pays du matin calme. Début septembre, les autorités sud-coréennes ont ainsi adopté un projet de loi qui obligera Apple et Google à modifier le mode de fonctionnement des systèmes de paiement de leurs boutiques d’applications dans le pays. Au terme de cette nouvelle loi – qui doit encore être avalisée par le président sud-coréen – les deux groupes ne pourront plus retarder indûment l’approbation des applications ou les supprimer de leur boutique d’application. Plus grave encore : le projet de loi adopté par les autorités coréennes interdit également aux boutiques d’applications comme l’App Store ou le Play Store d’obliger les développeurs à utiliser leurs systèmes d’achats in-app.

Conséquences : les développeurs sud-coréens pouvant désormais choisir des alternatives ou créer leurs propres places de marché tout en étant autorisés à opérer dans les boutiques d’applications existantes. De quoi remettre en cause l’ensemble du modèle économique pensé par les deux géants américains, qui avaient chacun de leur côté verrouillé leur magasin d’applications pour toucher de substantives commissions lors de chaque achat. A noter que les entreprises qui ne se conformeront pas à la nouvelle législation sont passibles d’une amende pouvant atteindre 3 % de leur chiffre d’affaires enregistré en Corée du Sud. De quoi doucher pour de bon l’enthousiasme des géants du numérique sur le marché sud-coréen.

Source : ZDNet.com

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