L’Europe veut redevenir une puissance dans le domaine des puces électroniques

Technologie : La Commission européenne déplore que des « chaînes de production entières » soient ralenties par le manque de semi-conducteurs.

La Commission européenne présentera bientôt sa loi sur les puces électroniques, un plan visant à réduire la dépendance de la chaîne d’approvisionnement vis-à-vis des fabricants de puces situés en Asie.

Le plan a été détaillé par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, lors du discours sur l’état de l’Union.

« Une tâche ardue »

En mars, la Commission européenne a dévoilé sa boussole numérique, qui vise à rendre l’UE souveraine sur le plan numérique d’ici à 2030, en faisant passer sa part de l’offre mondiale de semi-conducteurs de 9 % à 20 %. L’UE a par ailleurs indiqué en mai dernier qu’elle prévoyait de créer une alliance industrielle pour faire face à la concurrence mondiale.

« Des chaînes de production entières fonctionnent déjà à vitesse réduite – malgré une demande croissante – en raison d’une pénurie de semi-conducteurs », rappelle Ursula von der Leyen. « Mais, alors que la demande mondiale a explosé, la part de l’Europe sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de la conception à la capacité de fabrication, s’est réduite. Nous dépendons de puces à la pointe de la technologie fabriquées en Asie. Il ne s’agit donc pas seulement d’une question de compétitivité. C’est aussi une question de souveraineté technologique », affirme-t-elle.

La présidente de la Commission concède toutefois qu’il ne sera pas facile d’atteindre ce niveau. « Oui, c’est une tâche ardue. Et je sais que certains prétendent que ce n’est pas faisable », souligne-t-elle.

Les investissements d’Intel en Europe

Les Etats-Unis n’ont pas fait beaucoup mieux que l’UE pendant cette période. La Semiconductor Industry Association (SIA) a récemment noté que la part de 37 % de la capacité mondiale de fabrication de puces détenue par les Etats-Unis en 1990 est tombée à 12 % aujourd’hui. L’Asie domine la fabrication et la technologie des semi-conducteurs, en grande partie grâce au fondeur taïwanais TSMC, et à Samsung en Corée du Sud.

Intel compte Qualcomm et Amazon Web Services parmi ses premiers clients. L’entreprise, qui a en outre signé un important contrat de fabrication de puces avec le Pentagone le mois dernier, a également fait des ouvertures à la Commission européenne, affirmant que l’entreprise allait dépenser des milliards pour deux nouvelles installations de fabrication de puces sur le Vieux Continent, et jusqu’à 80 milliards d’euros en expansion au cours de la prochaine décennie, pour soutenir le plan numérique de la Commission.

Le plan de l’UE consacré aux puces électroniques fait suite à l’adoption par le Sénat américain de la loi CHIPS (Creating Helpful Incentives to Produce Semiconductors) en juillet, avec un budget de 50 milliards de dollars pour investir dans la fabrication des semi-conducteurs et la recherche. Il doit encore obtenir le soutien de la Chambre des représentants.

La production des constructeurs automobiles aux Etats-Unis et en Europe a été fortement limitée en raison de la pénurie de puces depuis le début de la pandémie. Comme l’a récemment déclaré Alan Priestley, analyste chez Gartner, à CNBC, la pénurie mondiale de puces a été aggravée pour les constructeurs automobiles, car ils ont tendance à utiliser des puces fabriquées selon des processus de fabrication plus anciens, alors que les fabricants de puces investissent dans des capacités de production de puces à revenus plus élevés, construites selon des processus plus récents. L’automobile, par exemple, ne représente que 4 % des revenus trimestriels de TSMC, alors que les puces destinées aux fabricants de smartphones comme Apple représentent environ la moitié de ses revenus.

Source : ZDNet.com

Catégories