Le contrat Naval Group avec l’Australie tombe à l’eau

Sécurité : Le nouvel accord entre l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni AUKUS nuit au projet de vente de sous-marins nucléaires français.

L’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis mettent en place un partenariat trilatéral visant à répondre aux préoccupations en matière de défense et de sécurité dans la région indopacifique. Le partenariat de sécurité, appelé AUKUS, cherchera à promouvoir un partage plus approfondi des informations et des technologies entre les trois gouvernements. Le Premier ministre australien Scott Morrison indique que le nouveau partenariat de sécurité renforcera les réseaux existants comme l’ANZU, le Quad et l’alliance Five Eyes.

« Nous favoriserons une intégration plus poussée des sciences, des technologies, des bases industrielles et des chaînes d’approvisionnement liées à la sécurité et à la défense. Et en particulier, nous approfondirons de manière significative la coopération sur une gamme de capacités de sécurité et de défense », affirment les gouvernements dans une déclaration commune.

La première initiative de l’AUKUS sera d’aider l’Australie à acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire. Scott Morrison précise que les trois pays consacreront les 18 prochains mois à l’élaboration d’un plan commun pour assembler la nouvelle flotte australienne de sous-marins à propulsion nucléaire. La flotte de sous-marins sera construite à Adélaïde.

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La France perd un contrat juteux

Conséquence de l’accord, la France perd une commande de plusieurs sous-marins nucléaires d’attaque passée auprès de la société française Naval Group. Cet accord prévoyait la vente de 12 sous-marins conventionnels construits par Naval Group, un contrat estimé à 56 milliards d’euros. Pour le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, c’est « un coup de poignard dans le dos » : les Etats-Unis n’auraient pas prévenu les Français de la fin soudaine de cet accord.

Le groupe français Naval Group à été accusé par l’Australie de retards dans les calendriers, et d’avoir fait gonfler la facture. Initialement prévu pour être un contrat à 34 milliards d’euros, la France aurait fait grimper la note à 56 milliards d’euros. En juin, le président français Emmanuel Macron avait déjà arrondi les angles auprès du Premier ministre australien.

Pour Naval Group, cette décision de dernière minute constitue une « grande déception » : « le Commonwealth d’Australie n’a pas souhaité engager la phase suivante du programme, ce qui est une grande déception pour Naval Group qui proposait à l’Australie un sous-marin conventionnel de supériorité régionale avec des performances exceptionnelles ».

Un projet de sécurité renforcé

Bien que les trois pays ne l’aient pas directement mentionnée, l’initiative semble être une réponse à la volonté expansionniste de la Chine en mer de Chine méridionale et à son agressivité croissante envers Taïwan.

« Notre monde devient plus complexe, en particulier ici dans notre région, l’Indo-Pacifique », expliquait le Premier ministre australien jeudi matin, aux côtés des dirigeants respectifs du Royaume-Uni et des Etats-Unis.

S’exprimant depuis Washington DC, le président américain Joe Biden a déclaré que les trois pays devaient se pencher sur « l’environnement stratégique actuel dans la région et la manière dont il pourrait évoluer ».

« L’avenir de chacune de nos nations, voire du monde, dépend de la pérennité et de l’épanouissement d’un Indo-Pacifique libre et ouvert dans les décennies à venir », ajoute le président américain.

Un moyen de créer de nouvelles technologies

Le Premier ministre britannique Boris Johnson, quant à lui, estime que le projet sera « l’un des projets les plus complexes et les plus exigeants sur le plan technique au monde, qui durera des décennies et nécessitera les technologies les plus avancées ».

En annonçant cette initiative, les gouvernements liés par l’accord ont déclaré conjointement que les sous-marins ne constituent pas une tentative d’acquisition d’armes nucléaires ou d’établissement d’une capacité nucléaire civile, et qu’ils continueraient à respecter leurs obligations en matière de non-prolifération nucléaire.

Outre les sous-marins, l’AUKUS cherchera également à créer des initiatives visant à accroître les capacités en matière de cyberdéfense, d’intelligence artificielle, de technologies quantiques et des capacités sous-marines supplémentaires, ont indiqué les gouvernements.

Ce nouveau partenariat trilatéral fait suite à la décision des trois gouvernements, ainsi que de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et d’autres pays, d’accuser la Chine d’être l’acteur responsable des piratages ayant visé les serveurs Exchange en début d’année.

« L’Australie ne juge pas à la légère les attributions publiques, et quand et si nous choisissons de le faire, c’est toujours dans le contexte de ce que nous croyons être dans notre intérêt national », avait déclaré le Premier ministre australien à l’époque.

Source : ZDNet.com

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