Technologie : Y a-t-il une pénurie de compétences ? Ou les logiciels de recherche de candidats empêchent-ils les entreprises de trouver de bonnes recrues ? Une nouvelle étude fait le point.
Si vous avez une solide expérience, mais que vous avez été absent du marché du travail pendant un certain temps, vous pourriez rater des entretiens en raison de la façon dont les employeurs utilisent des systèmes automatisés pour filtrer les candidatures pendant le processus de recrutement.
Une nouvelle étude publiée dans la Harvard Business Review (HBR) montre que les logiciels de gestion des embauches utilisés par les managers ignorent à tort des millions de candidats viables, en raison des critères que ces derniers utilisent.
Les outils logiciels, comme les systèmes de suivi des candidats ATS (applicant tracking system), sont utilisés par 75 % des employeurs américains pour les aider à passer rapidement en revue des centaines de candidatures. Ils sont utilisés conjointement avec les logiciels de gestion du recrutement (RMS – recruitment management software) pour accélérer le recrutement. Le RMS est utilisé par 90 % des employeurs américains pour sélectionner rapidement des candidats qualifiés.
Surcharge des paramètres de recrutement
Mais les paramètres que les responsables créent dans le logiciel – qui sont utilisés pour noter les candidatures en vue d’entretiens ultérieurs – font que de nombreux candidats qui pourraient convenir à un poste sont ignorés, selon l’étude publiée dans HBR. L’étude a révélé que les systèmes de recrutement automatisés configurés de manière rigide filtraient les candidats viables parce qu’ils ne correspondaient pas aux paramètres définis dans le logiciel.
Le rapport note que 88 % des employeurs interrogés affirment que « des candidats qualifiés et hautement qualifiés sont écartés du processus parce qu’ils ne correspondent pas aux critères exacts établis par la description du poste ».
Les chercheurs ont interrogé plus de 8 000 « travailleurs cachés » et plus de 2 250 cadres aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Allemagne. Ils estiment qu’il y a 27 millions de travailleurs traités de la sorte aux Etats-Unis, incluant les personnes sous-employées et les personnes qui ne participent plus au marché du travail et sont donc exclues des statistiques officielles du chômage.
La prime toujours plus aux insiders
Outre les logiciels de recrutement, l’évolution rapide des technologies fait que, de plus en plus, seules les personnes qui ont un emploi – et qui sont à la pointe de la technologie – possèdent les compétences nécessaires pour un emploi. « A mesure que le rythme des changements dans la composition des tâches s’accélère, les qualifications de ceux qui ne font pas partie de la population active deviennent moins pertinentes plus rapidement que par le passé », note le rapport.
« Les employeurs à la recherche de travailleurs correspondant à leurs profils préférés se tournent vers les travailleurs qui occupent actuellement le poste ou un poste connexe. Ces travailleurs sont plus susceptibles d’être exposés à des technologies de pointe et d’avoir bénéficié d’une formation fournie par l’employeur ou soutenue par le fournisseur pour développer leurs compétences. Les travailleurs employés bénéficient donc d’un avantage supplémentaire et de plus en plus important par rapport aux travailleurs non employés. »
Si l’automatisation du recrutement a permis de faire face à des volumes plus importants, « la recherche de l’efficacité dans le processus d’embauche a conduit les entreprises à réduire le nombre de candidats qu’elles prennent en considération, au point d’exclure des travailleurs qualifiés ». « En recourant à un processus d’embauche automatisé, les entreprises éliminent régulièrement tous les candidats, à l’exception de ceux qui correspondent le mieux aux exigences du poste spécifié », note le rapport.
L’étude a également révélé que les responsables du recrutement réutilisent souvent des modèles de description de poste existants et ajoutent au fil du temps de nouvelles exigences, encombrant des filtres qui devraient être très larges.
« Les logiciels ATS prennent les attributs d’une maille fine, plutôt que d’un filtre de base. Paradoxalement, lorsque les employeurs ajoutent de nouvelles exigences importantes à leurs descriptions de poste existantes, ils risquent d’exclure des candidats possédant des connaissances acquises grâce à une expérience approfondie acquise au fil des années de travail, mais ne possédant pas une ou plusieurs compétences ajoutées récemment », indique le rapport.
Source : ZDNet.com