Open source : le recrutement reste complexe

Open Source : Les entreprises étaient depuis longtemps à la recherche d’employés compétents en matière de logiciels libres, mais aujourd’hui, la tâche se complexifie encore.

Lors de l’Open Source Summit à Seattle, la fondation Linux et edX, le principal fournisseur de cours en ligne ouverts et massifs (MOOC), ont publié le « 2021 Open Source Jobs Report ». Dans cette enquête, menée auprès de 200 responsables du recrutement technique et de 750 professionnels de l’open source, les organisations ont constaté que la demande pour les travailleurs de l’open source était plus forte que jamais. Mais 92 % des responsables ont des difficultés à trouver suffisamment de talents, et beaucoup d’entre eux ont également du mal à conserver leurs employés expérimentés dans le domaine de l’open source.

En bref, si vous avez des compétences en matière de logiciels open source, que vous soyez développeur, administrateur système, expert DevOps ou pro du cloud, un emploi bien rémunéré vous attend. Et, alors qu’avant la pandémie de Covid-19, vous n’auriez pu trouver que des emplois dans votre région, aujourd’hui, grâce à l’essor du télétravail, vous pouvez espérer travailler de chez vous.

50  % des employeurs interrogés ont déclaré qu’ils augmenteraient le nombre de recrutements cette année. Les emplois sont là. La difficulté pour les entreprises est, comme l’indiquent 92 % des managers, de trouver suffisamment de talents et de conserver les talents existants face à une concurrence féroce.

C’est particulièrement vrai pour les compétences en matière de développement et d’exploitation d’applications « cloud native ». Les applications natives dans le cloud arrivent en tête de liste des compétences requises : plus de 46 % des responsables du recrutement recherchent des personnes possédant des compétences sur Kubernetes. En effet, pour la première fois dans l’histoire de l’enquête, les compétences en matière de technologie cloud et de conteneurs sont plus recherchées par les responsables du recrutement que Linux.

Le tournant du cloud

En effet, les compétences en matière de cloud computing et de conteneurs se classent loin devant Linux, avec 41 % contre 32 %. C’est l’une des raisons pour lesquelles, selon ZipRecruiter, le salaire annuel moyen d’un expert Kubernetes aux Etats-Unis est passé à 147 732 dollars. Cela dit, sans Linux, ni le cloud ni les conteneurs n’existeraient. Même sur Microsoft Azure, Linux est désormais le premier système d’exploitation.

« Les talents de l’open source sont très demandés, ce qui encourage les pros les plus expérimentés à chercher de nouvelles opportunités tandis que les recruteurs se battent pour les candidats les plus intéressants », indique Jim Zemlin, directeur exécutif de la Fondation Linux. « Pour ceux qui recherchent les meilleurs parcours professionnels, il est évident que l’informatique native dans le cloud, le DevOps, Linux et la sécurité offrent les opportunités les plus prometteuses. »

L’enquête a également révélé que le DevOps est devenu la méthode standard pour le développement de logiciels : pratiquement tous les professionnels de l’open source (88 %) déclarent utiliser les pratiques DevOps dans leur travail, soit une augmentation de 50 % par rapport à il y a trois ans.

Il n’y a pas qu’edX et la Fondation Linux qui constatent l’augmentation des emplois dans le domaine des logiciels libres. « A l’heure actuelle, c’est dans les métiers de la technologie que l’offre de talents disponibles est la plus faible », explique Jay Denton, analyste en chef chez ThinkWhy, une société spécialisée dans les solutions de gestion des talents basées sur l’IA.

« Le rapport de cette année montre clairement que la pandémie n’a fait qu’exacerber la demande en matière de compétences et les besoins d’embauche qui se faisaient sentir avant la crise sanitaire, en particulier dans le secteur de la haute technologie », ajoute Johannes Heinlein, directeur commercial et SVP des partenariats stratégiques d’edX.

Pour répondre à cette demande, « il est prometteur de voir dans nos conclusions que les employeurs répondent à ces besoins en augmentant les possibilités de formation et d’apprentissage. Nous devons donner aux organisations les moyens d’investir dans ce type de formation afin de répondre aux demandes de talents technologiques d’aujourd’hui et de demain », détaille-t-il.

Dans le même temps, de nombreux professionnels exigent de leurs employeurs davantage de possibilités de formation. Combien ? 92 % des responsables signalent une augmentation des demandes de formation. Les employeurs indiquent également qu’ils donnent la priorité aux investissements en formation en interne pour combler les lacunes en matière de compétences, 58 % d’entre eux utilisant cette tactique ; en comparaison, 29 % font appel à des consultants externes pour combler leurs lacunes en matière de compétences.

Pour y remédier, la Fondation Linux propose plus de cours et de stages en ligne que jamais. La Fondation Linux ajoute également des cours dans des domaines moins techniques, mais néanmoins essentiels, comme la gestion des logiciels libres.

Diversifier les profils, une nécessité

L’enquête a également révélé qu’une majorité d’employeurs, 88 %, déclarent désormais que le recrutement de professionnels certifiés est une priorité. C’est une augmentation de 87 % en seulement trois ans, 57 % en 2020 et 47 % en 2018. Un pourcentage similaire de dirigeants est également désormais prêt à payer pour que les employés obtiennent des certifications.

Enfin, et c’est troublant, la discrimination est devenue un problème plus important. 18 % des professionnels de l’open source déclarent aujourd’hui avoir été victimes de discrimination ou s’être sentis mal accueillis dans la communauté. Il s’agit d’une augmentation de 125 % au cours des trois dernières années.

Il existe également un écart entre ce que les employeurs pensent faire en matière de diversité et ce que les employés voient. Pratiquement tous les employeurs, 98 %, déclarent encourager de manière proactive la diversité dans les recrutements, contre 88 % l’année dernière et 79 % il y a trois ans. Cependant, seuls 76 % des employés estiment que leur entreprise fait des efforts pour recruter une main-d’œuvre plus diverse.

Si l’on considère à quel point les entreprises sont désespérément à la recherche de talents libres, les entreprises qui ne sont pas prêtes à embaucher les meilleurs talents – indépendamment de la race, de la religion, de l’orientation sexuelle, etc. – rendent un mauvais service à la fois à leur entreprise et à leurs employés potentiels.

Après tout, dans les milieux de l’open source, l’idéal a toujours été celui d’une méritocratie. Que les personnes qui produisent le meilleur travail montent au sommet, indépendamment de tout le reste. Les employeurs doivent embrasser ce concept dans son sens le plus large s’ils veulent répondre à leurs besoins de travailleurs de haut niveau.

Source : ZDNet.com

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