Sécurité : En Allemagne, Google et T-Systems vont tenter de proposer une version de Google Cloud Platform dans un cloud souverain pour répondre aux conditions européennes.
L’Allemagne se lance de nouveau dans l’aventure du cloud souverain. Google vient ainsi de s’associer à la société allemande T-Systems pour créer un cloud souverain destiné aux organisations des secteurs public et privé en Allemagne. Le service sera mis en ligne à la mi-2022, fait savoir la direction de Google.
Le géant américain travaille avec la société de services informatiques allemande T-Systems pour fournir un cloud souverain géré conjointement sur la Google Cloud Platform (GCP), avec des contrôles clés opérés par T-Systems. « Les deux entreprises innoveront ensemble pour développer un large éventail de solutions et d’infrastructures de cloud souverain de nouvelle génération », indique T-Systems. Cette filiale de Deutsche Telekom gérera les « contrôles et mesures de souveraineté, notamment le chiffrement et la gestion des identités » sur GCP, fait-on savoir du côté de Google.
« T-Systems exploitera et contrôlera de manière indépendante les parties clés de l’infrastructure Google Cloud pour les clients du cloud souverain T-Systems en Allemagne », indique Google. Les activités de support et d’ingénierie qui nécessitent un accès physique ou virtuel aux installations en Allemagne seront supervisées par T-Systems et Google Cloud, selon T-Systems. L’offre conjointe pourra aider les clients à se conformer à des normes comme le Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE, vantent Google et T-Systems.
Pour rappel, nombre d’experts s’inquiètent de la conservation de données européennes sensibles dans des centres de données appartenant à des sociétés américaines, en raison du Cloud Act (pour Clarifying Lawful Overseas Use of Data Act), en vertu de laquelle les autorités américaines sont autorisées à exiger des fournisseurs américains qu’ils leur donnent accès aux informations détenues sur leurs serveurs, même si ces données sont situées à l’étranger.
Google à la relance sur le Vieux Continent
Pour redorer son blason sur le Vieux Continent, Google a récemment dévoilé son intention de consacrer 1 milliard d’euros à l’infrastructure cloud sur 10 ans en Allemagne. Le géant américain a annoncé une nouvelle région Google Cloud à Berlin-Brandebourg, ainsi que l’expansion bientôt achevée de sa région cloud à Francfort, qui sera mise en service en 2022. « Nous sommes déterminés à aider à permettre la transformation numérique de l’Allemagne », indiquait il y a peu Thomas Kurian, PDG de Google Cloud. Et de rappeler que « la confidentialité, la sécurité et le contrôle des données sont essentiels pour les organisations européennes et allemandes qui numérisent leurs opérations ».
« La solution de cloud souverain que nous créons en partenariat avec T-Systems fournira aux organisations des secteurs public et privé une couche supplémentaire de mesures et de contrôles techniques et opérationnels qui garantissent que les clients allemands peuvent répondre à leurs exigences en matière de souveraineté des données, des opérations et des logiciels », a-t-il ajouté. Pour rappel, Microsoft avait essayé de commercialiser une offre similaire en 2016, en faisant tourner deux centres de données T-Systems sous Azure, et les dotant d’Office 365 et Dynamics CRM Online.
Les employés de Microsoft pouvaient accéder aux centres de données, mais seulement après avoir été autorisés par le « fiduciaire des données », T-Systems. Comme le rapportait récemment Fortune, le cloud exclusivement allemand était malheureusement plus cher, et les fonctionnalités disponibles dans l’offre Azure normale en retard, ce qui a poussé Microsoft à se retirer de cette offre en 2018. Plus récemment, Microsoft a promis de stocker et de traiter la plupart de ses données au sein de l’UE d’ici à la fin de 2022.
Des offres alternatives
En France comme en Europe, de nombreux acteurs surfent sur le volontarisme des autorités européennes et l’émergence d’une prise de conscience de la valeur des données pour proposer des offres de cloud souverain, dans le cadre du projet Gaia-X. Dans l’Hexagone, Jaguar Network et Scality ont notamment lancé début avril une offre de cloud souverain baptisée Atlas Object Storage. Cette nouvelle offre de service S3, liant stockage d’objets à la sécurisation multidatacenters, a pour ses promoteurs le but affiché de « démocratiser au plus grand nombre une solution jusqu’ici réservée aux grands groupes ou aux grandes volumétries de stockage ».
De quoi « se positionner comme la solution de stockage de fichiers hébergés dans des datacenters souverains hautement sécurisés », indiquent les directions de Jaguar Network et Scality. Les données seront hébergées dans trois centres de données répartis sur l’axe Paris-Lyon-Marseille pour assurer aux clients de cette offre une disponibilité de bout en bout de leurs données, en s’appuyant sur la duplication de leurs données sur ces sites distincts.
Côté sécurité, les données seront hébergées dans un environnement cloud hybride – assuré via VPN et SD-WAN – et disposeront d’une protection renforcée face aux ransomwares via l’invariabilité du stockage objet. « Ce partenariat entre Scality et Jaguar Network s’inscrit dans une stratégie d’enrichissement de l’offre cloud en France pour répondre au besoin très capacitif des entreprises locales », fait-on valoir du côté de la filiale B to B d’Iliad et de Scality.
Source : ZDNet.com