Société : Google a bloqué l’accès des talibans à son service de courriel Gmail. Le géant américain s’est dit en outre prêt à « prendre des mesures temporaires pour sécuriser les comptes » des membres de l’ancienne administration afghane.
On ne peut pas tout avoir. Si les talibans sont les maîtres de la rue en Afghanistan, ils sont loin de dominer la toile. D’autant qu’ils se trouvent dans le collimateur des géants américains du numérique, soucieux de ne pas paraître aider – même de manière involontaire – à l’installation d’une théocratie fondamentaliste en Afghanistan. Au premier rang d’entre eux figure Google, qui vient de prendre une décision spectaculaire qui ne devrait pas déplaire du côté de la Maison blanche.
Le géant californien a ainsi temporairement verrouillé un nombre indéterminé de comptes de messagerie du gouvernement afghan, comme le rapportait ce week-end l’agence Reuters, citant une personne proche du dossier. Si Google n’a pas confirmé le blocage, la société a toutefois indiqué surveiller de près la situation, et être prête à « prendre des mesures temporaires pour sécuriser les comptes concernés », afin de protéger les comptes e-mail des fonctionnaires de l’ancien régime mis à bas par les combattants talibans.
Désormais maîtres du pays, ces derniers chercheraient en effet à acquérir les courriels des anciens fonctionnaires afghans pour faire « tourner » le pays. Interrogé par Reuters, un employé de l’ancien gouvernement indique que les talibans lui ont demandé de préserver les données détenues sur les serveurs du ministère pour lequel il travaillait. « Si je le fais, ils auront accès aux données et aux communications officielles de l’ancienne direction du ministère », explique ce dernier, qui n’a pas accédé aux exigences des talibans.
Microsoft également concerné
L’accès à Google pourrait être déterminant pour le projet des talibans de mener à bien sa révolution islamiste, en éliminant tous les partisans de l’ancien régime. Une vingtaine d’organismes gouvernementaux afghans utilisaient en effet les services de Google – dont les ministères stratégiques des finances, de l’industrie ou de l’enseignement supérieur. La réquisition des bases de données et des courriels du gouvernement pourrait fournir des informations sur les employés de l’ancienne administration, les anciens ministres, les entrepreneurs du gouvernement, les alliés tribaux et les partenaires étrangers.
Une véritable mine d’or pour les Afghans, qui n’ont pas fait mystère ces dernières semaines de leur projet de punir certains partisans de l’ancien régime, sans oublier de s’attaquer à des universitaires, des journalistes, des acteurs de la société civile ou encore des membres d’ONG.
A noter que les services de messagerie de Microsoft étaient également utilisés par plusieurs agences gouvernementales afghanes, notamment le ministère des Affaires étrangères et la présidence. Le géant américain n’a pas précisé quelle position il souhaitait adopter dans ce dossier.
Source : ZDNet.com