Société : TikTok fait l’objet de deux enquêtes en Irlande, pour faire la lumière sur le transfert de données utilisateurs en Chine et sur l’exploitation des données personnelles de ses utilisateurs mineurs.
La gestion des données utilisateurs par la plateforme chinoise TikTok fait de nouveau jaser. Un temps accusée par Washington de transférer les données de ses utilisateurs en Chine au mépris de la protection de la vie privée, l’application chinoise est de nouveau sur la sellette pour les mêmes motifs. L’autorité irlandaise chargée de la protection des données personnelles a ainsi annoncé mardi l’ouverture de deux enquêtes portant sur l’exploitation des données personnelles des mineurs et des transferts de données vers la Chine par l’application détenue par le conglomérat chinois ByteDance.
« La première enquête examinera la conformité de TikTok aux exigences du RGPD en matière de protection des données » des utilisateurs mineurs, fait savoir le régulateur irlandais, qui relève que « cette enquête examinera également si TikTok a respecté les obligations de transparence du RGPD dans le contexte du traitement des données personnelles des utilisateurs de moins de 18 ans. La deuxième enquête portera sur les transferts par TikTok de données personnelles vers la Chine et sur le respect par TikTok des exigences du RGPD en matière de transferts de données personnelles vers des pays tiers ».
Il s’agit d’un dossier brûlant pour l’application la plus téléchargée par la jeunesse – notamment en France. La commission irlandaise de protection des données (DPC), qui fait figure d’autorité en Europe du fait du nombre de géants du numérique qui siègent en Irlande, peut en effet imposer une amende pouvant aller jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires global de la société incriminée. A titre d’exemple, le régulateur irlandais a récemment condamné la messagerie instantanée WhatsApp à une amende record de 225 millions d’euros pour la légèreté dont la filiale de Facebook a fait preuve en termes de protection et de partage des données au cours de l’exercice 2018.
Des critiques anciennes
Si Dublin n’est pas connu pour son volontarisme dans le domaine de la protection des données, TikTok peut avoir du souci à se faire, alors que nombre de pays européens se sont emparés du sujet, considéré comme brûlant, tant à Paris qu’à Berlin et Bruxelles. Et si l’application a annoncé récemment des contrôles plus stricts sur la vie privée des adolescents pour parer aux critiques lui reprochant de ne pas suffisamment protéger les mineurs de contenus inappropriés ou de publicités déguisées, pas sûr que cela suffise à dégonfler la menace qui pèse sur elle.
Les critiques qui fusent à propos de la gestion des données par cette application ne sont pas nouvelles. En février dernier, la plateforme a accepté de régler 92 millions de dollars pour mettre fin à une action collective alléguant devant la justice américaine qu’elle avait porté atteinte à la vie privée de ses utilisateurs, en recueillant les données privées et biométriques des mineurs sans leur consentement. Si la direction de la plateforme avait nié tout acte répréhensible, elle avait indiqué que « bien que nous soyons en désaccord avec ces affirmations, plutôt que de passer par de longs procès, nous aimerions concentrer nos efforts sur la construction d’une expérience sûre et joyeuse pour la communauté TikTok ».
Pour se refaire une virginité, l’application mobile la plus téléchargée au monde en 2020, devant Facebook, a annoncé en début d’année des changements radicaux dans la façon dont les comptes des mineurs sont gérés sur son réseau. Pour protéger ces utilisateurs contre toute interaction potentiellement inappropriée avec des étrangers, l’état-major de l’application a fait passer les paramètres par défaut de confidentialité de tous les utilisateurs âgés de 13 à 15 ans en mode privé, limitant ainsi le nombre d’utilisateurs qui peuvent voir et commenter leur contenu.
« Nous avons bien conscience que la protection des utilisateurs et de leur vie privée est un combat de chaque instant, et notre investissement dans ce domaine important ne s’arrêtera pas là », défendait alors Elaine Fox, la responsable de la vie privée de TikTok pour l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.
Source : ZDNet.com